ABC-Paris/IDF

Anarchist Black Cross – Paris/IDF

Nous observons actuellement en France une inflation de la violence institutionnelle (violences policières, judiciaires et carcérales ; voir notes 1 et 2). “Par temps de rage il est question de prise de position” (La Canaille) : c’est dans ce contexte que nous avons créé au printemps 2019 une section francilienne de la Croix Noire Anarchiste (“Anarchist Black Cross” : ABC).

1. Lutte anticarcérale

Notre collectif ABC apporte son soutien aux personnes incarcérées pour leur action ou leur résistance contre le capitalisme, la répression et les oppressions. Ce soutien est assuré selon différentes modalités :

  • Atelier d’écriture aux détenu.e.s (premier dimanche de chaque mois),
  • colis, mandats, visites,
  • caisse de solidarité,
  • information, rencontres et débats, actions revendicatives, campagnes,
  • diffusion de guides sur le soutien aux personnes détenu.e.s (exemples ici et ici).

Nous apportons également un soutien aux proches de personnes incarcérées (information, accompagnement). Aussi, nous souhaitons développer un soutien aux personnes exécutant des peines dites alternatives (e.g., bracelet électronique). Enfin, plusieurs projets sont en développement :

  • permanence hebdomadaire (que faire pour s’en sortir au mieux avant, pendant et après la détention, pour les personnes incarcérées et leurs proches),
  • émission radio,
  • infokiosque,
  • atelier de formation collective sur la prison.

2. Antirépression

Autodéfense numérique

Les ordinateurs et Internet tendent à prendre de plus en plus de place dans nos vies, ce qui pose la question du contrôle de nos informations personnelles. Celles-ci finissent souvent par nous échapper, parce que les technologies laissent des traces, ou simplement parce qu’on ne fait pas attention. Elles peuvent alors être exploitées pour identifier des liens entre individus et être employées comme éléments à charge. Notre collectif ABC organise le troisième dimanche de chaque mois un atelier d’autodéfense numérique.

3. Santé

S’engager dans une lutte active contre le capitalisme et l’état nous expose à de multiples formes d’agression (flics, fachos, magistrats) et ainsi à un risque élevé de stress post-traumatique (SPT). Le SPT peut avoir des conséquences sévères sur la santé, il est nécessaire de s’y préparer et d’apprendre à nous soutenir mutuellement. Pour ce faire (1) nous éditons des textes de synthèse sur le SPT (ici), (2) nous assurons une activité de soutien aux personnes en souffrance et leurs proches. Nous souhaitons également assurer des ateliers d’information et de formation sur le SPT.

4. Fonctionner en réseau

Il est important d’éviter tout malentendu sur la démarche de l’ABC-Paris/IDF :

  • L’ABC-Paris/IDF ne prétend pas se substituer aux collectifs déjà existants. Notre souhait est d’entretenir un dialogue constant et de développer nos activités à partir des besoins exprimés.
  • L’ABC-Paris/IDF n’a aucune prétention à l’hégémonie, au monopole d’une expertise, à la “prestation de services”. Nous souhaitons contribuer à un effort collectif d’émancipation sur la base du partage, de l’entraide et de la solidarité.

Nous avons une envie réelle de connexion et de communication, ainsi qu’un grand respect pour le travail déjà accompli, en IDF comme ailleurs. Nous souhaitons travailler main dans la main avec les autres collectifs existants, tant au niveau local (avec les autres collectifs, comités, assemblées) qu’au niveau global (avec les autres ABC notamment).

N’hésitez donc pas à nous contacter pour un début de collaboration, une proposition, ou tout autre échange !

Note 1. En ce qui concerne spécifiquement la répression, nous observons une inflation des pratiques attentatoires aux personnes : intégration de l’état d’urgence dans le droit commun, militarisation des forces de sécurité, retour de la loi “anti-casseurs” (adoptée en 1970 et abrogée en 1981), retour des brigades motorisées (corps policier dissous en 1986 après l’assassinat de Malik Oussekine), etc. En termes de blessé.es, le bilan du mouvement des “gilets jaunes” est sans précédent depuis Mai 68 (e.g., Jobard, 2018). Au 23 mai 2019, les chiffres officiels (ministère de l’intérieur) signalent environ 2 448 manifestant.es blessé.es, 13 460 tirs de LBD-40 (calibre de guerre), 1 428 tirs de GLI-F4 (grenade contenant 25g de TNT), 4 942 tirs de grenades de dés-encerclement depuis le début du mouvement (17 novembre 2018). Au 26 mai 2019, le site web “Allô place beauvau ?” signale 1 décès (Zineb Redouane), 289 blessures à la tête, 24 personnes éborgnées, 5 mains arrachées, 800 signalements. A cette même date, aucune poursuite n’a été engagée pour violences policières. En ce qui concerne la privation de liberté, au 24 mars 2019 les chiffres officiels (ministère de l’intérieur) signalent qu’environ 8 700 personnes ont été placées en garde à vue depuis le début du mouvement. Environ 2 000 personnes ont été condamnées par l’institution judiciaire, dont 40% à des peines de prison ferme. Plus de 1 300 personnes ont été jugées en comparution immédiate, et 390 personnes ont été condamnées à de la prison ferme avec mandat de dépôt. Environ 1 800 personnes sont dans l’attente de leur jugement.

Note 2. L’inflation de mesures pénales favorisant l’incarcération est un autre marqueur d’une dynamique autoritaire. Le “plan prison” du gouvernement macron prévoit 15 000 places supplémentaires d’ici à 2027, soit un agrandissement de 25% du parc carcéral. Entre 1990 et 2018, 23 324 places de prison supplémentaires ont déjà été créées (60 139 en 2018, contre 36 815 en 1990). Parallèlement, le nombre de détenu.es a augmenté de 25 641 (71 061 en décembre 2018, contre 45 420 en 1990). En juillet 2018, la France a atteint un taux de détention inégalé depuis le XIXe siècle, avec 70 710 personnes incarcérées. Cette inflation de la population carcérale est le fait non pas d’une augmentation de la délinquance mais des orientations de la politique pénale. Les facteurs causaux identifiés sont (entre autres) : (i) la pénalisation d’un nombre croissant de comportements, (ii) le développement de procédures de jugement rapide comme la comparution immédiate (procédure huit fois plus pourvoyeuse de prison que les audiences classiques, 70% des peines prononcées sont des peines de prison ferme), (iii) l’augmentation des incarcérations pour des peines inférieures à un an (40% de la population carcérale en 2017) et l’allongement de la durée des peines, (iv) l’augmentation récente de la détention provisoire (20 343 personnes présumées innocentes détenues au 1er janvier 2019, contre 16 549 en janvier 2015 – soit une augmentation de 23% en quatre ans). (Source : OIP, 2019)