Dans un précédent post (ici), nous avons présenté les critères diagnostiques du stress post-traumatique (SPT). Nous avons souligné qu’il peut exister d’importantes différences entre les personnes dans la manifestation du STP. Nous présentons ici certaines des causes de ces différences. Nous abordons également la question des troubles associés au SPT, ces derniers pouvant être particulièrement graves.
1. Différences entre les personnes
Deux types de facteurs président aux différences entre les personnes dans l’apparition et l’expression du SPT : les facteurs individuels (génétique, personnalité, expériences de vie) et les facteurs environnementaux. Nous présentons ci-dessous uniquement les facteurs environnementaux :
- Sévérité et durée de l’expérience traumatique.
- Proximité physique de l’événement traumatique et dangerosité apparente de cet événement.
- Fréquence d’exposition à un événement traumatique.
- Le fait que le traumatisme ait été infligé délibérément par une tiers personne (brutalité d’un flic ou d’un maton).
- Réactions négatives de l’entourage de la personne en souffrance.
- Le temps qu’il aura fallu à la victime pour se mettre hors de danger, ou au moins dans des circonstances plus calmes – les premières minutes et les premières heures peuvent être absolument décisives.
2. Troubles associés au stress post-traumatique
2.1. Crises de panique
Les personnes ayant subi un événement traumatique peuvent subir des crises de panique lorsqu’elles sont exposées à des stimuli rappelant le traumatisme (e.g., voir de la flicaille). Un certain nombre de symptômes physiques peuvent s’associer :
- Accélération substantielle du pouls
- Transpiration, tremblements
- Difficultés à respirer ou sensation d’étouffement
- Douleurs à la poitrine
- Nausées, vertiges, frissons, coups de chaud, engourdissements ou picotements
- Sentiment d’irréalité ou de détachement
- Peur de perdre le contrôle de ses émotions, de mourir ou d’avoir une attaque cardiaque
2.2. Abus de substances
Les personnes souffrant de SPT peuvent avoir recours à l’alcool et/ou d’autres drogues afin de réduire leur détresse. Cependant, une utilisation inappropriée de ces substances peut fortement aggraver les symptômes et compliquer tout traitement. L’alcool et autres drogues dégraderont encore une situation déjà mauvaise.
2.3. Comportement d’évitement prononcé
Les personnes en SPT tentent d’éviter les pensées ou sentiments associés au traumatisme, ainsi que les activités ou situations qui éveillent des souvenirs du traumatisme. Parfois, l’évitement va bien au-delà des éléments rappelant l’événement traumatique et s’étend à toutes sortes de situations de la vie quotidienne. L’évitement peut devenir si fort que la personne devient incapable de quitter son logement.
2.4. Dégradation sérieuse du fonctionnement quotidien
Certaines personnes en SPT éprouvent de grandes difficultés à poursuivre une vie quotidienne simple. Elles n’arriveront plus à effectuer les tâches ordinaires les plus bénignes, et ne pourront parfois plus remplir leurs obligations antérieures.
2.5. Sentiments d’aliénation et d’isolement
Les personnes en SPT se sentent souvent seules, isolées par leur expérience, et ont beaucoup de mal à demander de l’aide. Il leur semble peu probable qu’une tiers personne puisse comprendre ce qu’elles ont vécu. Les difficultés dans les relations interpersonnelles (partenaires, ami.es, famille) sont très courantes après un traumatisme : relations tendues, incidents plus fréquents, évitement, changement apparent de la personnalité ou comportement anti-social. Les personnes en SPT perçoivent généralement leurs émotions comme incontrôlables et non prédictibles, et de ce fait tentent d’éviter les expériences émotionnelles. Elles peuvent se désinvestir de relations sociales importantes en raison de leur détresse émotionnelle.
2.6. Dépression et pensées suicidaires
Il y a un risque significatif de dépression pour les personnes en SPT, avec une perte d’intérêt marquée pour des activités ayant une valeur significative, un sentiment de détachement, une restriction du plaisir et le sentiment que l’avenir est sans espoir. Elles pourront développer des sentiments injustifiés de culpabilité concernant l’événement traumatique. Par exemple, un.e manifestant.e peut se reprocher d’avoir été agressé.e par la flicaille et de ne pas avoir été en mesure de protéger d’autres personnes.
La dépression peut conduire à des pensées suicidaires. Par exemple, 50% des victimes de viol mentionnent des pensées suicidaires. Si vous-même ou une personne proche a des pensées suicidaires après un événement traumatique, il est très important d’aller consulter immédiatement un.e professionnel.le pour obtenir de l’aide.